Les placettes à vers de terre

Pourquoi étudier les vers de terre ?

Les vers de terre constituent la plus grande biomasse terrestre : environ une tonne par hectare. Ce sont les auxiliaires de culture les plus connus ; Ils sont les éléments les plus grands et donc les plus visibles de la faune du sol, ce qui n'est pas négligeable pour les observations !

Des acteurs de la fertilité du sol

Les vers de terre sont indicateurs de la qualité des sols. Ils sont parmi les auxiliaires les plus reconnus par leur contribution à la fertilité des sols. En effet, les vers de terre jouent un important rôle dans la dégradation et le recyclage des litières et de tout résidu organique disponible dans le sol ou à sa surface. Ils créent des réseaux de galeries qui assurent un transfert et un stockage du carbone dans les sols. Cela favorise également l'aération du sol, l'infiltration de l'eau et facilite le développement des micro organismes et la progression des racines.

Des indicateurs de la qualité du sol

Les vers de terre sont révélateurs de l'état et de la gestion d'un sol. En effet, leur présence et leur activité sont liées aux propriétés physiques et chimiques de celui-ci : texture, granulométrie, humidité, profondeur, pH... Le cortège lombricien présent est donc directement influencé par les activités agricoles qui modifient ces composantes : travail du sol, intrants, irrigation, pâturage...

Le protocole

Quand : le plus tôt possible dès janvier, lorsque les conditions sont optimales (pas de gel) et jusqu'au 15 mars dans la moitié sud du pays en plaine, jusqu'au 15 avril dans la moitié nord. Décalage possible en zone de montagne.le matin, avant midi heure solaire.

Durée : compter 3h

Où : sur un sol ressuyé

Matériel : Pour 1 m², il faut 2 pots de 150g de moutarde Amora, 10 litres d'eau, 1 arrosoir, délimiter une zone de 1 m². Il fzut donc multiplier ce matériel par trois pour couvrir les 3 zones.

- Positionner en ligne trois zones d'échantillonnage de 1 m² espacées deux à deux de 6 mètres sur une surface homogène et représentative de la parcelle

- Préparer la solution sur place : pour chaque arrosage, diluer deux petits pots (verres) de moutarde AMORA fine et forte commerciale (150 g) dans un arrosoir de 10 L d'eau (

- Pour chacune des trois zones d'1 m² étudiées, appliquer à 15 minutes d'intervalle 2 épandages (10 L chacun) de moutarde diluée (ne pas hésiter à arroser plus large que le m²), de façon homogène sur toute la surface grâce à une rampe d'arrosage. Entre les deux épandages et pendant un quart d'heure à la suite du deuxième, récolter (seulement dans la zone délimitée) les vers de terre qui remontent à la surface (précaution : bien attendre qu'ils soient complètement sortis de leurs galeries, si le ver est coupé en 2, prendre les morceaux). Les placer dans une bassine remplie d'eau (le rinçage évite la mort des individus).

Laver les vers, les étaler sur une surface de couleur noire (bâche par exemple). Les déterminer à l'aide du guide d'identification et les séparer selon les 4 groupes. Il s'agit également de distinguer les adultes des juveniles, grâce à la présence ou non du clitellum. Compter les individus par groupe et reporter les résultats sur la feuille de terrain. Attention de bien séparer les résultats par placette. Remettre les vers à 2 mètres environ de la placette.

Les épigés : Les espèces de ce groupe sont de petite taille (un à six centimètres) et se trouvent en surface du sol. Leur pigmentation foncée leur permette de se dissimuler dans la matière organique.

Les anéciques : Ils mesurent de dix centimètres à un mètre dix de long. Leur pigmentation montre un

gradient de décoloration.

Les endogés : Les individus mesurent de un à vingt centimètres de long. Jamais exposés au soleil, ils sont apigmentés. Il est possible d'observer des vers de terre rose pâle ou vert pâle.

Pour en savoir un peu plus sur les vers de terre

Un peu d'anatomie

On compte 7000 espèces dans le monde dont une centaine en France. Composés d'anneaux recouverts de soies qui leur permettent de s'agripper aux parois, les vers de terre se déplacent grâce à une succession de contraction et d'extension. Ils sont recouverts d'un liquide visqueux qui facilite le glissement. Ils élargissent le trou des galeries en se gonflant.

En creusant des tunnels, ils aèrent la terre et favorisent l'enracinement des plantes et le développement des micro organismes.

Il possède 5 paires de cœur. N'ayant ni poumons, ni bronches, il respire grâce à leur peau toujours humide : l'air traverse l'épiderme, approvisionnant le système sanguin en oxygène. Ils ne possèdent pas d'yeux, mais ils ont des cellules très sensibles aux variations de lumière

Habituer à la vie dans les galeries, les organes se suivent dans le corps mou :

Avec leur bouche ventrale, ils ingèrent les aliments (débris organique, terre, cailloux), le gésier permet de broyer les aliments aidé par les actions de petits cailloux. Le tiphlosis qui présente une grande surface permet d'assimiler les éléments qui seront alors expulsés par l'anus pour former le lombrimix.

Leur alimentation

Ils peuvent consommer quotidiennement jusqu'à ⅓ de leur poids. Ils se nourrissent de matières organiques à différents stades de décomposition et d'organismes vivants. Aux sols sableux et très acides, il préfèrent les sols argileux et limoneux. Ils participent à la dégradation de la litière et aux recyclages des sels minéraux du sol.

La reproduction

On peut identifier les vers de terre qui arrivent à maturité sexuelle grâce à la présence d'une boursouflure qui ressemble à une bague situé au tiers antérieur du corps et qu'on appelle le clitellum. Les vers de terre sont hermaphrodites, ce qui permet un plus grand brassage des individus. L'accouplement se réalise tête bêche ; les vers de terre échangent alors leur spermatozoïdes via des spores vers le clitellum. Il faut compter entre 30 et 50 jours d'incubation.

Il est possible de classer les vers de terre selon des catégories écologiques. Tous n'ont pas le même rôle. On distingue :

- Les épigés qui participent au fractionnement de la matière organique en surface,Elles fractionnent la matière organique fraîche et permettent d'en accélérer le processus de dégradation en la fournissant plus rapidement aux autres espèces lombriciennes en profondeur.

- Les anéciques qui brassent et mélangent les matières organique et minérale : Ils ont pour action d'enfouir la matière organique dans l'ensemble du profil de sol et d'assurer le brassage entre les matières minérales et organiques. Ils sont à l'origine de galeries verticales pouvant atteindre cinq à six mètres de profondeur qui permettent des échanges gazeux et aqueux. On distingue les Anéciques tête rouge quise rapprochent du comportement des Epigés, des Anéciques tête noire se rapprochant de celuides Endogés.

- Les endogés qui aèrent le sol et jouent une rôle de rétention et infiltration de l'eau : Leur alimentation est essentiellement constituée de matières organiques intégrées à la matière minérale. Leurs galeries horizontales situées à quarante centimètres de profondeur maximum se referment derrière leur passage en déposant leurs déjections.

Quelques tendances issues des données de l'OAB

De par les particularités écologiques des espèces, l'équilibre entre elles dépend de la nature du sol et

des perturbations extérieures. Chacun ayant un rôle complémentaire, l'équilibre entre ces communautés du sol contribuera à la capacité de rétention et d'infiltration de l'eau, le recyclage des matières organiques, la minéralisation...

En viticulture, la gestion de l'inter-rang a une influence non négligeable sur l'abondance et la

diversité des vers de terre. Ici, on peut voir que l'enherbement total de l'inter-rang semble

bénéfique à la population de lombriciens. Ce groupe écologique se nourrissant en partie de

matière organique, l'absence de couverture du sol les prive d'un apport de biomasse non

négligeable !

En arboriculture-autre culture pérenne, la gestion de l'inter-rang a également son importance. On voit que l'abondance des vers de terre augmente très fortement notamment pour les groupes endogé et

épigé (plus de 50 fois plus !).

Favoriser la présence des vers de terre

La Chambre d'agriculture du Nord Pas-de-Calais propose ici quelques pratiques favorables pour favoriser la présence des vers de terre :

Bonnes pratiques pour favoriser les vers de terreInformations[1]

Et l'Observatoire Participatif des Vers de Terre (OPVT) présente ici l'influence des pratiques culturales sur la diversité des vers de terre :

ExempleLien avec l'enseignement agricole

Les placettes à vers de terre de l'OAB est le protocole le plus réalisé dans les établissements d'enseignement agricole. Ludique, ce protocole est particulièrement apprécié des apprenants puisqu'il permet d'aborder facilement l'impact des pratiques agricoles sur la biodiversité. Nombreux sont les apprenants qui décident par la suite de réaliser le protocole sur l'exploitation familiale ou sur leur lieu de stage.

La démarche scientifique réalisée dans son intégralité permet d'avoir une approche conscientisée vers l'agro-écologie et trouve sa place dans le plan Enseigner à Produire Autrement 2.

Quelques exemples : s'intéresser à la démarche scientifique et notamment sur la nécessité de réaliser un protocole standardisé, aborder l'écosystème sol, les services écosystémiques, engager une discussion sur l'impact des pratiques agricoles suite aux résultats, réaliser le protocole sur deux parcelles différentes pour comparer les résultats, découvrir les clés de détermination, analyser les résultats et se positionner sur les référentiels nationaux...