Bonnes pratiques pour favoriser la biodiversité sur son exploitation

Pourquoi favoriser la biodiversité sur son exploitation ?

Nous avons vu dans le module 3 “Agriculture et biodiversité” que l'agriculture et la biodiversité était interdépendantes et que l'agriculture était très dépendante d'une biodiversité riche et en bonne santé. Cependant, si la biodiversité est présente sur l'exploitation, elle y abonde de façon différente selon le territoire : il n'y aura pas la même biodiversité dans une exploitation agricole de montagne que dans une exploitation agricole de la Beauce, il n'est donc pas pertinent de comparer ces deux systèmes. Il est pourtant des territoires où la biodiversité montre des signes d'appauvrissement par rapport à des territoires similaires. Dans ces cas là, il est encore souvent possible d'inverser la tendance et de recouvrir une biodiversité riche et spécifique à son territoire.

Comment favoriser la biodiversité sur son exploitation ?

Bonne nouvelle : on sait quelles actions mettre en place pour intégrer la biodiversité dans les pratiques des agriculteurs !

Avant tout, il est préférable d'évaluer la biodiversité déjà présente sur l'exploitation et ce afin de partir d'un état des lieux initial auquel il est possible de se référer pour évaluer ses avancées et pour pouvoir adapter les actions en fonction des résultats. Une exploitation agricole est toujours porteuse de biodiversité, même si celle-ci elle varie en richesse et diversité selon les territoires et les pratiques agricoles employées.

Il est ensuite possible d'envisager des actions à trois niveaux : à l'échelle de la parcelle, de l'exploitation, et enfin du paysage.

Les leviers d'action pour favoriser la biodiversitéInformations[1]

Les actions qu'il est possible de mettre en place dans la parcelle sont les suivantes (liste non exhaustives) :

Limiter le travail du sol (liste non exhaustive) :

- Diversifier et allonger les rotations des cultures

- Mélanger plusieurs espèces pour les cultures et/ou les intercultures

- Couvrir le sol avec une interculture (ex: CIPAN - Cultures Intermédiaires Piège A Nitrates)

- Décaler les semis et faire varier leur densité

- Limiter les intrants. Pour cela, il est par exemple possible de participer à la Surveillance Biologique

Avant de mettre en place une ou plusieurs de ces actions, il est fortement conseillé de se faire accompagner afin de repenser son itinéraire technique en amont.

Complément

- Bulletin de santé du végétal

- Site internet PlacoHB, Plantes couvre-sol comme contribution au contrôle des adventices et à la promotion de la biodiversité

Les actions qu'il est possible de mettre en place à l'échelle de l'exploitation sont les suivantes (liste non exhaustives) :

* Découper le parcellaire pour favoriser les populations d'auxiliaires et façonner un paysage attractif

* Entretenir et/ou implanter des infrastructures agroécologiques (haies, arbres, bandes enherbées ou fleuries, mares, etc.) :

- Limiter le broyage d'entretien des bordures, ou le plus tard possible (été, automne, début d'hiver)

- Mettre en place d'une bande tampon avec des légumineuses ou autres plantes à fleurs mellifères

- Maintenir les bords de champs avec une flore naturelle... qui peut attirer des auxiliaires de cultures.

- Laisser pousser la végétation spontanée pour favoriser une haie naturelle ou implanter une haie plurispécifique... en essayant de privilégier les bordures de cours d'eau et les fossés déjà favorables à la biodiversité (ripisylves)

- Creuser une mare ou installer des points d'eau pour la faune (abreuvement abeilles, insectes, chiroptères et autres mammifères...)

- Installer des nichoirs (oiseaux, chiroptères, insectes) et perchoirs (oiseaux)

- maintien de certains milieux ouverts propices à certaines espèces, maintien des zones humides, des parcours et des prairies par la fauche ou le pâturage

- changement de système de culture (Agriculture Biologique, Agroforesterie, etc.)

Complément

Pour en savoir plus : consulter les guides de la flore spontanée en bord de champs favorable aux auxiliaires de culture en arboriculture, en viticulture, en maraîchage et en grande culture.

Pour en savoir plus : vous pouvez consulter le logiciel Auxil'haie

Pour en savoir plus : vous pouvez consulter le protocole abeille de l'OAB ou le site Des Terres et des Ailes de la LPO : nichoirs, perchoirs)

Les actions qu'il est possible de mettre en place à l'échelle du paysage sont les suivantes (liste non exhaustives) :

A l'échelle du paysage, l'enjeu est avant tout de s'inscrire dans la Trame Verte et Bleue, c'est à dire de favoriser les corridors et îlots écologiques. Pour cela, il peut être intéressant de se rapprocher de ses voisins pour mener une ou plusieurs actions combinées (ex : MAEC collective dans le cadre du PNA Grand Hamster d'Alsace).

Complément

Pour aller plus loin : il est possible d'intégrer des groupes de réflexion et d'action (GIEE, DEPHY Ferme, etc.) ou encore des programmes recherche (ex : CasDAR, INRAE, etc.).

Attention

* Il n'est pas si simple de diversifier ou changer son système d'exploitation. En effet :

- les filières ne sont pas toujours adaptées pour prendre en charge un mélange de variétés par exemple

- le changement de matériel peut représenter de gros investissements (ex : machine plus petite, matériel spécifique, etc.)

* l'implantation d'IAE s'étudie en amont, en fonction de l'existant mais aussi en prenant en compte l'entretien qui en découlera (temps supplémentaire de travail, coût supplémentaire, etc.).

* les réservoirs et corridors utilisés par les auxiliaires peuvent tout aussi bien l'être par les ravageurs : il est nécessaire de trouver un équilibre entre ces deux types de population

* certaines infrastructures agroécologiques peuvent attirer de la faune indésirable pour l'agriculture, comme des sangliers. Il est donc important de bien réfléchir leur implantation (localisation, en quelle quantité, etc.)

Il ne faut pas hésiter à se renseigner, se faire accompagner par votre Chambre d'agriculture ou toute autre structure compétente. La transition agroécologique prend du temps et à un coût financier... mais elle en vaut la peine !

Qu'est-ce que l'agriculteur y gagne ?

Améliorer la biodiversité de son exploitation, c'est :

* s'appuyer sur les auxiliaires de culture dans la lutte contre les bio-agresseurs mais aussi favoriser aussi les pollinisateurs, très utiles par exemple dans la pollinisation des cultures d'oléagineux ou en arboriculture.

* se construire un lieu de travail agréable en maintenant en bonne santé le patrimoine naturel de l'exploitation et en s'assurant un environnement fonctionnel en améliorant par exemple la qualité de l'eau de son territoire

* favoriser le retour de la petite faune sauvage

* valoriser la biodiversité au travers :

- de la certification environnementale (ex : Haute Valeur Environnementale)

- des labels comme le label AB

- du concours général agricole - parcours prairies ou agroforesterie

- des Paiements pour Services Environnementaux (PSE), récemment mis en place via des appels à projet des Agences de l'eau

Complément

-Bio et Haute valeur environnementale : deux modes de valorisation complémentaires

- Un document réalisé par Humanité et Biodiversité pour Améliorer la biodiversité dans son exploitation