Le Transect Papillon

Pourquoi étudier les papillons ?

Les populations de papillons sont en déclin et de nombreuses espèces sont menacées :

- Au niveau européen par exemple, l'abondance des papillons dépendant des prairies a chuté de 30% en 25 ans ;

- Sur 28 espèces et groupes d'espèces de papillons observés en France, on note une tendance à la baisse pour 22 d'entre eux.

Or les papillons sont de très bons indicateurs de l'état d'un milieu à l'échelle du paysage : ils sont très liés à la végétation qui les entourent. Cette végétation est une source de nourriture pour les adultes (nectar) et les chenilles (plante hôte) mais aussi un site de ponte en période de reproduction. Ils sont aussi sensibles aux perturbations de l'environnement comme l'artificialisation des terres par l'urbanisation, la fragmentation des habitats par l'agriculture ou encore le réchauffement climatique.

Par ailleurs, les papillons jouent un rôle essentiel dans le service de pollinisation, si nécessaire à certaines agricultures (ex : arboriculture, culture d'oléagineux). D'après le rapport de l'IPBES, le montant annuel de la production agricole mondiale en péril en raison de la disparition des pollinisateurs s'élèverait à 235 à 577 milliards de $US. Il est donc impossible de se passer des pollinisateurs, et des papillons, dont dépend indirectement notre alimentation.

Le protocole

Quand : Entre début mai et fin septembre

Durée : compter 10 min par passage

Fréquence : 3 à 5 passages entre mai et septembre, idéalement en juin-juillet-août

Matériel : un chronomètre, un mètre ou un GPS pour mesurer la distance parcourue

Condition d'observation : journée ensoleillée, au minimum 13°C, un vent inférieur à 30km/h, passer tôt en cas de forte chaleur

Le protocole consiste à dénombrer et à identifier les papillons de jour les plus communs, en se déplaçant le long d'une parcelle agricole pendant 10 min (équivalent d'une distance parcourue de 100 – 300m). Vous pouvez vous aider feuilles de terrain OAB pour reconnaître les papillons et les compter !

Les papillons étudiés dans l'observatoire sont des espèces communes, liées à des plantes fréquentes dans ou autour des parcelles.

Pour en savoir un peu plus sur les papillons

Les papillons regroupent 150 000 espèces dans le monde et 5000 en France (dont 250 Rhopalocères). Ils sont de la classe des insectes c'est-à-dire qu'ils ont 3 paires de pattes, et de la famille des lépidoptères, ce qui veut dire qu'ils ont 2 paires d'ailes couvertes d'écailles et une trompe rétractable. Les papillons se divisent entre les hétérocères, souvent assimilés aux papillons de nuit, qui représentent près de 95% des espèces mondiales et les rhopalocères, souvent assimilés aux papillons de jour, qui représentent 5% des espèces mondiales.

Focus étymologie - Le mot “rhopalocère” est composé de deux racines grecques : rhopalon qui veut dire « massue » et keras qui signifie « corne », ou dans le cas des papillons « antenne ». Un rhopalocère est donc un papillon qui a les antennes en forme de massue. Un hétérocère quant à lui inclut toutes les autres (« hétéro ») forme d'antenne (plume, filiforme...).

Les papillons ont une durée de vie très variable d'une espèce à l'autre, certains papillons ne vivent que quelques jours quand d'autres vivent plusieurs mois voire une année entière. Certains d'entre eux sont même des papillons migrateurs, comme la Belle-Dame.

Quelques tendances issues des données de l'OAB

Comme les abeilles, les papillons sont de très bons indicateurs de la qualité du paysage. Ils ont besoin de différents milieux : d'espèces végétales spécifiques pour se nourrir et se reproduire, de buissons ou de haies pour se cacher des prédateurs. Un paysage homogène sera donc moins propice à leur survie. Le cycle de vie d'une espèce de papillons qui ne possède qu'une plante hôte est dépendant de la présence de cette plante dans son environnement.

Les papillons les plus observés dans les données de l'OAB sont très répandus en France. Les quatre plus

fréquents (Piérides Blanches, Myrtil, Procris, Lycènes) sont des papillons de prairie. En maraîchage, la forte proportion des transects réalisés sur des parcelles en mode de production biologique peut expliquer la présence importante de papillons. En viticulture les pratiques et les terroirs sont tels que l'enherbement peut être totalement absent il y a donc une carence de plantes pour la nourriture et la reproduction des papillons, ce qui en fait un milieu moins favorable à la présence de papillons.

Favoriser la présence des papillons

Les papillons sont très sensibles à la qualité et la diversité du paysage : dans un rayon de 5 kilomètres, une grande diversité des habitats est donc favorable à la stabilité des populations de papillons. Par extension, dans une exploitation agricole, entretenir et favoriser les Infrastructure agro écologiques telles que les haies, les bandes enherbées ou fleuries, fournissent le gîte et le couvert aux papillons et favorisant leur présence.

Tabac d'Espagne

ComplémentPour aller plus loin

ExempleLien avec l'enseignement agricole

Si le protocole papillon n'est pas simple a mettre en place sur le calendrier scolaire, les observations se réalisant également en juillet et août, ce protocole relie naturellement les problématiques agricoles aux problématiques naturalistes. Les filières pourront alors se rencontrer pour mieux connaître ces espèces.

Quelques exemples : aborder la pollinisation, les pollinisateurs sauvages, connaître la biologie des papillons, aborder l'importance de la flore sauvage, aborder les trames vertes et bleues, favoriser les aménagements paysagers, analyser les résultats, aborder l'importance des haies...

Ce protocole est intéressant pour les filières nature et agricole, mais peut également intéresser les filières en aménagement paysager.