La biodiversité en milieu agricole

Nous pouvons déterminer les intérêts de la biodiversité pour l'agriculture avec la notion de service écosystémique. (Nous avons déjà abordé cette notion dans le module 2 de cette formation).

Dans les années 1980, la notion de service écosystémique fait son apparition sous l'impulsion de naturalistes engagés dans la protection de la nature. Le principe est d'attribuer une valeur (monétaire ou non) aux biens et services que la nature fournit à l'humanité. On a pu chiffrer, par exemple, que les cultures qui dépendent des pollinisateurs contribuent au volume de la production mondiale à hauteur de 35 % (Rapport d'évaluation sur la pollinisation et la production alimentaire, IPBES, 2016). On peut définir ces services comme les avantages matériels ou immatériels que l'homme retire des écosystèmes. En attribuant une valeur à ces services, il devient alors plus facile d'exprimer l'intérêt de la nature pour l'homme et de justifier sa protection. L'homme ne peut se passer de la nature, non seulement pour survivre mais également pour son bien-être et son développement. Il est donc essentiel de conserver des écosystèmes de qualité, durablement.

L'un des plus importants services écosystémiques pour les humains est la production de vivres et autres produits agricoles. D'autres services fournis par les écosystèmes tels que le cycle de l'eau (en fournissant la pluie et les eaux d'irrigation) sont essentiels à la production agricole. Ces services sont fournis à la fois par le paysage agricole immédiat et les paysages agricoles limitrophes.

Un écosystème est défini comme une unité écologique. Il est formé par un milieu (biotope) et les organismes qui y vivent (biocénose). C'est un système à l'équilibre. Un changement induit, naturel ou anthropique, peut créer un déséquilibre irréversible au sein d'un écosystème. La résilience des écosystèmes est intrinsèquement liée à la diversité biologique qui le compose. Plus un système est riche plus celui-ci sera résilient aux perturbations. C'est donc pour cela que favoriser la biodiversité naturelle est essentielle pour préserver notre environnement.

L'agriculture, profondément dépendante du vivant pour la production alimentaire notamment, est un des secteurs les plus bénéficiaires de la nature. Si la pollinisation est un exemple de service reconnu, on peut souligner aussi la lutte contre les ravageurs des cultures avec les auxiliaires (carabes, araignées, chauve-souris...), mais également la participation à la décomposition de la matière organique, la fertilité du sol, le cycle de l'azote ou celui de l'eau...

Les différents types d'agriculture forment différents milieux ouverts, véritables niches écologiques et habitat accueillant diverses espèces qui y sont inféodées. On peut par exemple citer quelques espèces dont certaines d'origine steppique que l'on peut trouver en milieu cultivé : la perdrix grise, la caille des blés, l'alouette des champs, l'outarde canepetière, le tarier pâtre ou la fauvette grisette... Certaines de ces espèces sont même protégées, comme l'outarde. L'agriculture soutient donc cette biodiversité qui lui est propre, on parle de service environnemental de l'agriculture rendu à la biodiversité.

Les Services Environnementaux peuvent être définis comme les effets positifs des actions humaines sur les écosystèmes essentiellement dans le cadre de l'agriculture, la foresterie, la pêche (source : rapport Oréade Bréche, PSE). Dans le cadre de l'agriculture, les services environnementaux sont donc les actions de l'agriculteur (=services) en faveur de l'environnement et donc des fonctions écologiques et services écosystémiques qui y sont rattachés. A titre d'exemple, on peut citer les services environnementaux suivants : le maintien de la qualité de l'eau notamment dans les aires d'alimentation de captage, le recyclage de la matière organique, la réduction des eaux de ruissellement, et la promotion de l'infiltration de l'eau, la rétention de l'humidité du sol, la lutte contre l'érosion, la fixation du carbone... (Conférence sur la Diversité Biologique, 2008). Autant de services environnementaux qui se font via des pratiques agricoles adaptées, l'entretien par l'exploitant des infrastructures agro-écologiques de son exploitation (haie, arbre, bande enherbées...), etc. et dont l'ensemble de la société humaine profite.

Il existe donc différents moyens pour favoriser cette biodiversité : une pratique raisonnée et adaptée (cultures diversifiées, intercultures, gestion des jachères, etc.), la mise en place d'infrastructure agro écologique (haies, mare, bandes enherbées etc.)...

Les infrastructures agro-écologiques (IAE) ont ce double avantage qu'elles permettent à l'échelle de la parcelle et de l'exploitation de constituer des réservoirs à auxiliaires, et à l'échelle du paysage de favoriser les connexions écologiques et jouent donc un rôle dans les trames vertes et bleues. Attention cependant, car si elles peuvent constituer des réservoirs d'auxiliaires, elles peuvent aussi héberger des ravageurs. La nature étant vivante et donc changeante, il s'agit de trouver un équilibre entre la biodiversité à effet négatif sur l'agriculture et celle à effet positif.