Les nichoirs à abeilles solitaires
Pourquoi étudier les abeilles sauvages ?
Pollinisatrices
La valeur économique du service de pollinisation rendus par les pollinisateurs pour la production mondiale agricole a été estimée à 150 milliards d'euros (Gallai N. et al., 2009). Environ 80% des variétés cultivées en Europe dépendent des insectes pour la production, en termes de rendement et de qualité.
Parmi les pollinisateurs, les abeilles sauvages jouent un rôle très important, complémentaire à celui des abeilles
domestiques. Par exemple, certaines espèces se révèlent particulièrement utiles parce qu'elles sont actives lorsque les températures sont trop basses pour les abeilles domestiques : ainsi, l'Osmie cornue (Osmia cornuta) est, avec les bourdons, un pollinisateur très intéressant dans les vergers, lorsque les conditions climatiques en cours de floraison sont froides ou dans le cas des variétés fruitières à floraison précoce.
Certaines abeilles sauvages sont spécialisées pour récolter le pollen d'une ou de quelques espèces de plantes en particulier qui en dépendent pour leur reproduction (adaptation de la longueur de la langue à la longueur de la corolle).
Indicatrices du milieu
Chez les abeilles solitaires, chaque femelle pond ses œufs, elles ont ainsi besoin de sources de nourriture (nectar et pollen) et d'habitats (cavités, matériaux pour construire les nids). Leur présence va donc être
dépendante de la qualité du milieu à proximité.
Diversifiées
Derrières les différents types d'opercules se cachent plusieurs espèces qui ont des besoins écologiques ou des phénologies (périodes d'activité) divers. Par exemple, les espèces se succèdent au fil des mois et assurent ainsi la pollinisation de tout le cortège de plantes.
Le protocole
Quand : de février à octobre
Fréquence : 1/mois
Durée : 15 min pour chaque nichoir environ
Matériel : Pour 2 nichoirs : 2 x32 tubes en carton à renouveller chaque année, 2 bouteilles en plastique d'1 L, gros scotch, 2 piquets d'1 m de hauteur, de quoi fixer les nichoirs (ficelle, vis, tournevis...)
Fabrication d'un nichoir :
Assembler 32 tubes en carton entre eux avec du gros scotch. Les placer dans une bouteille d'un litre dont vous aurez découpé le goulot et intercaler la notice complétée par vos soins entre les deux.
Installation :
Poser les deux nichoirs espacés de cinq mètres l'un de l'autre sur la bordure d'une parcelle. Fixer les nichoirs horizontalement, à un mètre de hauteur sur un piquet, les ouvertures orientées au sud, dans un endroit ensoleillé, si possible abrité du vent. Poser les nichoirs dès fin février.
Observations :
Passer au minimum tous les mois et remplir les feuilles de terrain. Noter le nombre de tubes occupés, la nature des opercules, la présence d'insectes.
Pour en savoir un peu plus sur les abeilles sauvages
Les abeilles solitaires sont des insectes (3 paires de pattes), et font partie des hyménoptères (2 paires d'ailes membraneuses jointes par une rangée de petits crochets). Il existe 8 000 espèces d'hyménoptère en France comprenant les abeilles, les guêpes, les fourmis... Il y a 1000 espèces d'abeilles en France. L'abeille domestique représente une seule espèce, les autres sont sauvages. Il existe 7 familles d'abeilles. La classification se fait selon de nombreux critères morphologiques et écologiques. Dans ces abeilles, seules 20% vivent en colonies, les autres sont dites solitaires.
Chez les abeilles solitaires, chaque femelle a son propre nid. Dans une cavité existante ou qu'elle construit, elle va pondre un ou plusieurs œufs (un par loge). L'abeille va pondre des œufs fécondés en premier : au fond de la cavité (ce seront les femelles) et des œufs non fécondés plus proches de la sortie (les mâles) ce sont eux qui sortent en premier.
Le matériau qui referme l'opercule dépend de l'espèce. C'est pour cela qu'il est intéressant de l'identifier pour mieux connaître les taxons présents morceaux de feuilles, terre, pétales, coton...
Quelques tendances issues des données de l'OAB
Différences d'abondance moyenne d'opercules en fonction de la structure paysagère
Un paysage en mosaïque est favorable à la présence de ce groupe écologique puisqu'il leur offre une large diversité d'habitats, de nourritures, de refuges, de lieux de reproduction...
De nombreuses études ont montré le lien entre la richesse en pollinisateurs et la performance de la pollinisation. Plus la diversité d'abeilles est importante, plus ce service est résistant/résilient aux perturbations.
Comment favoriser les pollinisateurs en milieu agricole, selon la Chambre d'agriculture du centre Val-de-Loire, sur une initiative de Tech'n Bio
Encourager les bonnes pratiques agricoles suivantes :
- Assolements diversifiés, couverts végétaux, intercultures, périodes d'interventions et produits respectueux des auxiliaires (protection des cultures), cultures associées...
Favoriser la flore spontanée
- Flore diversifiée = fourniture en ressources étalées dans le temps
- Gestion des bords de champs (décalage des périodes d'entretien, hauteur,...)
Favoriser les infrastructures agro-écologiques
- Valoriser les couverts favorables aux pollinisateurs : haies, bandes enherbées (éviter les graminées pures), jachères fleuries, intercultures...
Complément : Pour aller plus loin : à lire, à voir et à écouter
Exemple : Lien avec l'enseignement agricole
Ce protocole se réalise assez rapidement, avec une fréquence régulière. Il permet d'aborder la pollinisation et de faire un focus sur les pollinisateurs sauvages.
Quelques exemples : Réaliser une animation nature (GPN), découvrir la biologie de l'abeille (CGEA), favoriser les pollinisateurs sur l'exploitation agricole, développer les infrastructures agro-écologiques, découvrir les différents pollinisateurs...